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Pour en finir avec les fantasmes sur l’IA et la fin du travail

Cela n’aura échappé à personne que l’IA (intelligence artificielle) connait des développements spectaculaires. Le Machine Learning et surtout le Deep Learning (principalement la technique des réseaux de neurones) viennent bouleverser les capacités technologiques des entreprises et le monde du travail.

L’IA c’est la fin du travail. Pas vraiment !

La promesse d’aller beaucoup plus loin dans l’automatisation, l’apprentissage autonome des systémes, et de pouvoir répondre à tout (en se passant des collaborateurs) est née avec cette crainte que l’IA serait une puissance suprème. Elle peut tout faire et elle voudra tout faire. Voilà ce que brandissent certains prophétes suspicieux. Cet article sur le futur de nos misérables vies pilotée par l’IA m’a fait bondir.

L’opinion publique devient littéralement paranoïaque avec les machines intelligentes au travail. Nous serions poussés à remettre nos emplois aux machines. Nous serions forcés à l’oisiveté (entendre le chômage).

La domination capitalistique d’une oligarchie capturerait toute la richesse des données que l’on fournit presque gratuitement. Sans oublier que nous aurions à nous défendre contre robocop et l’aspirateur Roomba qui, devenus autonomes et conscients, auraient pris d’assault nos emplois, nos familles et nos maisons.

Roomba_Robot

Roomba_le Robot qui n’a pas encore supprimer le ménage.


Revisitons 3 visions dystopiques et apocalyptiques.

1- L’IA nous est supérieure. Notre emploi va disparaître.

Une croyance phobique :

Il est vrai que l’IA vient de démontrer en 2017 qu’elle peut battre l’Homme au jeu de Go et au Poker, les jeux les plus complexes qui existent sur terre. L’IA est aussi capable de reconnaître aussi bien et même mieux que l’Homme des mots dans un message verbal.

On ne peut pas lutter contre la capacité du néo-cerveau computationnel quand vient le temps de traiter des milliers de signaux, plusieurs sources et types de données et trouver du sens dans des térabytes de données produites et inexploitées par un collaborateur.

Qui décidera quels problèmes doivent être réglés ?

Humilié par l’IA?

Demandez à Lee Sedol ce qu’il a pensé après ses matchs avec Deep Mind en 2016. Il a mentionné qu’il avait beaucoup appris en observant les coups inhabituels de la machine qui pense en termes de probabilité à chaque coup indépendamment du précédent et sans plan à 3 ou 6 coups d’avance. Même les champions peuvent apprendre d’une forme différente mais performante d’intelligence. Cela augmente la diversité cognitive.

Ces fonctionnalités cognitives mimiques plusieurs de nos processus perceptifs et en mentaux les plus complexes : mémoire, formulation d’hypothèses, arbitrage coûts-risques-bénéfices, extraction de concepts, synthétisation, résolution de problèmes logiques, mise en équation, etc.

L’IA est excellente pour disrupter des tâches discrètes mais pas la somme de travail que compose un emploi et encore moins la somme de la somme (collaboration humaine et homme-machine). La machine apprenante nous fascine comme notre première calculatrice Texas Instrument programmable. Mais le travail trouve toute sa complexité dans l’enchainement de milliers de tâches simples que plusieurs systémes et robots coordonnés, multivalents et interconnectés devraient remplacer.

Il serait aussi faux de croire que l’Homme ne pourrait pas s’adapter à un nouveau niveau de collaboration avec les machines apprenantes, humanoides ou le plus souvent embarquées et invisibles.

Lors de ma participation à un projet de création de chatbot, j’ai pu constater que l’entrainement du chatbot requière des experts de contenu qui connaissent les règles d’affaires et les besoins de ses usagers et des clients finaux. Pour que la machine exploite vos données et soit intelligente sur la base de vos processus, elle doit être entrainée avec vos données, vos verbatims et vos régles.

Il n’y a pas un milieu corporatif d’IA qui sera uniforme et omniscient. Comme l’informatique, l’IA est un outil qui innerve nos outils et nos solutions. C’est juste une nouvelle capacité beaucoup plus puissante qui ouvre de nouvelles opportunités (insights, automatisation, personnalisation, augmentation).

L’IA ne sera pas plus intelligente que ce que la qualité intrinsèque de votre substrat informationnel et ce que vous déciderez d’en faire.

2- L’IA est concentrée entre les mains des GAFA. Nos entreprises vont disparaître. 

Une autre <Fake News> paranoïaque

Il est incontestable qu’Alphabet (Google), Apple, Facebook, Amazon, Alibab, Baidu, Nvidia et les autres captent une partie dominante de la valeur du web. L’IA est pour eux une meilleure exploitation de ce puissant réseau de données et un moyen de renouveler l’offre et l’expérience client. Mais toute l’économie ne se résume pas au web. Et les champs d’expertise, ultra segmentés, ne sont pas encore tous couverts par les GAFA, du moins à ce que à ce que je sache.

N’ayez pas peur. Saisissez l’opportunité.


Une constellation d’acteurs qui convoitent un infini de possibilités.

Les acteurs de l’intelligence artificielle se divisent en plusieurs catégories.

D’une part, il existe la catégorie commerciale représentée par les géants du web avec des données et une technologie qui n’appartient pas aux usagers. On compte ici Apple Siri et Pod, Google Home, Facebook, Amazon Alexa Home, Alibaba and Baidu.

D’autre part, la catégorie affaire se présente avec des données et une technologie configurable et personnalisable par chaque client. On compte ici Amazon Alexa dans le cloud AWS, Microsoft dans le cloud Azure, IBM Watson dans le cloud ou encore Salesforce avec son systéme Einstein.

Puis, il y a les start-ups. Elles sont plus de 2500 à ce jour et elles ont levé en 2016 plusieurs centaines de millions de dollars d’investissement L’une des plus célèbre est Palantir en analytique. Elles se développent sur des usages très spécifiques et elles peuvent démontrer une pertinence avec un usage client précis. Je ne compte pas toutes celles qui veulent ajouter l’IA à leurs services. On parle de renaissance pour tous, y compris les PME plus classiques (si elles ont la vision et les ressources technologiques pour intégrer l’IA en couche complémentaires à leurs systémes existants).

Il y a aussi toutes les grandes entreprises traditionnelles qui entrent dans l’IA comme ABB, spécialiste de robots industriels, GE, Orange, Schlumberger, Siemens, Intel. 84% des CEO considèrent en 2016 que l’IA est une source d’opportunité d’affaire. Et 66% des CEO interrogés considèrent que les technologies cognitives contribueront à améliorer la fonction RH (Données IBM Smartworkforce Institute 2016).

Il faut compter enfin tous les intégrateurs (Deloitte, EY, Tata, Cap Gemini, Accenture, KPMG, etc.).

Artificial Intelligence_AI_Market

Artificial Intelligence_AI_Market


Il y a de multiples joueurs qui tentent leur chance et qui adressent une cible de marché.

Tout cet écosystème est extrêmement dynamique, éclaté, en forte évolution. Mais surtout, il est dépendant de découvertes fondamentales en sciences informatiques qui pourraient encore révolutionner l’IA (ordinateur quantique par exemple ou nouvelle méthode d’apprentissage autonome). On n’a encore rien vu ! La morale de l’Histoire est que ce ne sont pas toujours les géants qui innovent radicalement, aussi digitaux soient-ils.

L’autre erreur, c’est de faire croire que cette technologie complexe est réservé à de grandes entreprises. L’IA propriétaire de Facebook ou Apple est mise au service de leur solutions. Alors que l’IA commerciale peut rapidement être exploitée par les start-up ou les PME en modules connectés aux systémes existants. L’IA devient ainsi une plateforme de service pour toutes les entreprises qui veulent l’intégrer à sa vision et à ses opérations. 

l’IA deviendra assez rapidement (elle aussi) une commodité. L’analyse naturelle du langage par exemple ne coûte que quelques centimes par appel du serveur IBM Watson Bluemix ou Amazon Alexa. Certains disent même que c’est très basique comme système ! La force compétitive aujourd’hui n’est donc pas dans les technologies émergentes mais dans la capacité des organisations à les repérer, à les comprendre, à les expérimenter et à les implanter avec l’appui d’une culture d’innovation et des business plans audacieux. L’IA n’est pas un avantage compétitif en soi. C’est l’organisation et ses Hommes qui mettent en œuvre et qui forgent des avantages compétitifs. 


3- L’IA est partout. Le travail va disparaitre.

La myopie de l’esprit

Il est vrai que l’on s’étonne de la performance des machines pour scruter des radiographies par millions ou pour scanner en quelques minutes les sentiments sur les réseaux sociaux à l’échelle mondiale. Mais l’efficience sur une tâche n’est pas encore de l’intelligence globale. La disruption sur une tâche n’est pas la disruption du métier au complet. L’intelligence artificielle demeure étroite (en opposition à forte ou globale), verticale et ultra spécifique. Avant que le travail ne disparaisse, il faudra que les besoins humains disparaissent.

IA: la fin du travail, de nos emplois et de nos nations ? Ben voyons donc !


Le travail est HUMAIN et le restera

Imaginez que vous souhaitiez mettre de l’intelligence artificielle dans votre cuisine pour que vous puissiez vous consacrer à votre famille et à vos loisirs. Pour automatiser et robotiser toutes les fonctions, il vous faudra beaucoup d’applications et de machines. L’investissement initial sera énorme. Pour qu’elles apprennent de vos goûts et habitudes, elles devront se connecter entre-elles et tirer profit des données. Les objets connectés offriront d’emblée des livraisons synchronisées avec Amazon ou Uber selon vos préférences anticipées mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour automatiser et interconnecter toutes les tâches discrètes, si nombreuses à entrer en jeu dans notre quotidien.

Avant que le Tout Machine existe, l’Homme se posera toujours la question de la valeur et du coût de remplacement par la machine. Il fera aussi des choix en fonction de ses intérêts, de sa culture et de ses valeurs. Ce n’est pas parce que la voiture autonome existe que l’on ne verra plus les bénéfices de la marche pour se rendre au restaurant, ni celui de l’immense plaisir de conduire.

La société des loisirs nous promettait le déclin inéluctable du travail. La technologie a rendu nos vies perméables au travail. Pour la première fois depuis les années 70, les occidentaux ont commencé à travailler depuis le début des années 2010, toutes nations confondues. A son tour, l’intelligence artificielle nous promet de nouveaux sommets de productivité et une augmentation de l’expertise. Les cyborgs pourront nous montrer combien il faudra être de fins stratèges pour utiliser les différentes formes d’IA et autres technologies émergentes, de bons architectes et intégrateurs pour les exploiter pleinement et enfin, de bons éthiciens pour converser un sens moral en orientant le progrès au service de l’Homme.

La vague de transformation cognitive qui suit le tsunami de transformation digitale de nos sociétés, de nos vies et de nos organisations démontre une vélocité inédite dans l’histoire des technologies. Mais la réalité demeure que 93% des emplois sont dans les PME, des entreprises familiales. Et plus humblement, nous devons reconnaître que l’intégration digitale et cognitive sera plus lente, plus omplexe, plus partielle et pas toujours profitable sans un effet d’échelle que ce que l’on prophétise chez les techno-septiques comme chez les digitalo-euphoriques (catégorie à laquelle je me joins).

Le travail se recompose. Encore ! Les compétences faiblement digitalisables ou algorithmisables deviendront des compétences nobles. Elles seront largement réinvesties voire sacralisées. C’est compétences on les connait déjà :

  1. Gouvernance

  2. Sens politique

  3. Prise de décision globale

  4. Communication influente

  5. Mobilisation

  6. Collaboration

  7. Créativité

  8. Socialisation

Dans une étude de Accenture et du MIT The Jobs That Artificial intelligence Create, les chercheurs identifient 3 compétences qui vont se développer rapidement avec l’arrivée de l’IA :

  1. Trainers – entraineurs d’intelligence artificielle

  2. Explainers – analystes du contexte d’usage de l’AI

  3. Sustainers – garants du bon usage de l’IA

Cet article du MIT préfigure bien les métiers de demain qui contribueront à soutenir et l’implantation efficace des dernières hautes technologies au service d’un plan stratégique.

Bien sûr, les chauffeurs de camions, les comptables, les conseillers clients en centre d’appel et les caissiers de supermarchés vont se transformer ET se réduire. Ils feront moins de tâches répétitives sans valeur ni engagement ajouté. Mais ils feront plus de services aux clients, plus d’analyse, plus d’intégration, plus de relationnel. Et vous savez quoi ? Cela manque cruellement à notre économie actuelle qui place pourtant le client au centre de son organisation. La question est plus de savoir à quelle vitesse l’IA va se généraliser. Sûrement plus vite que l’implantation du réseau de guichet automatique bancaire. Ils sont apparus en 1977 pour continuer leur croissance jusqu’en fin d’année 2000. 40 ans. L’IA est cloud et mobile. Elle mettra moins de 5 à 10 pour se diffuser globalement. Mais son usage unifiée demeure une inconnue aussi grande que la voiture volante dans les films de notre enfance.

L’IA ouvre plus de fenêtres qu’elles ne ferment de portes

L’IA questionne notre rapport au progrès et notre confiance en nos capacités humaines uniques. L’IA recompose les forces économiques. Mais surtout, elle a le mérite de nous amener à réinvestir ou investir dans des services et fonctions éminemment sociales que la simple industrialisation des services (services de masse) n’a pas réussi à combler. L’IA génére de nouveaux services, une nouvelle expérience et exploite pleinement le monde des données que la digitalisation a créé sans que l’on sache vraiment l’utiliser.

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