La connaissance au pouvoir.
Le numérique bouleverse l’éducation. Apprendre ne sera plus comme avant. Du collège à la formation professionnelle, les paradigmes de l’éducation changent. Les technologies ont fait émerger de nouvelles attentes chez les apprenants. Voici 7 changements qui bousculent l’éducation de demain.
Ils renouvellent la relation à l’apprenant. Ils redéfinissent l’offre de conditions d’apprentissage. Ils mettent en valeur les contenus. Alors si les MOOC, les Serious Games, les Googles Glass ou la Flipped Classroom ne vous disent rien pour l’instant, ils ne devraient pas tarder à faire partie de votre quotidien.
1- Everywhere Education.
Plus besoin de se rendre dans une classe ou une bibliothèque pour apprendre. Les Tablettes et les Smartphones connectent les apprenants en tous lieux et en tous temps. Après le semi échec du e-Learning au début des années 2000, c’est l’heure de gloire du Mobile Learning.
Les conférences TED, les Massive Open Online Courses (Cours en Ligne Ouverts aux Masses), les Wikis ou autres communautés de pratiques démocratisent l’accès aux enseignements, même les plus techniques. Les contenus génériques d’enseignement sont disponibles au plus grand nombre. Le succès de Kahn Academy avec le soutien de Bill Gates, l’arrivée de Google HelpOut (version bêta) ou encore la plateforme ITunes U montrent combien le secteur éducatif est devenu attrayant. Les universités et autres institutions d’enseignement investissent YouTube, les plateformes d’enseignement en ligne et les MOOC. Elles veulent de la visibilité car elles n’ont pas le choix de s’ouvrir et de promouvoir la qualité de leur enseignement.
Dans son livre L’Èducation Réinventée, Salman Kahn affirme son ambition pour Kahn Academy:
“A free, world-class education for anyone, anywhere.”
Bill Gates quant à lui, lors du Microsoft’s Faculty Summit en juillet 2013, a déclaré s’intéresser de très prêt aux enjeux éducatifs avec sa fondation Bill and Melinda Gates:
« Nous sommes au début d’un changement très profond même si la nous avons la tendance à le simplifier, cela est vraiment important. »
La publication et le partage de contenus facilitent la propagation des connaissances. Que ce soit via des articles sur un blog, sur eBooks, avec des vidéos, des infographies, des présentations, des réponses aux questions d’une communauté ou encore des cartes cognitives (Mind Mapping), tous les supports sont disponibles. Faciles à faire. Rapides à publier.
Les frontières de la classe et des établissements d’enseignements s’abaissent. Le paysage des sources d’enseignement explose. Les labels d’enseignement perdent de leur lustre. De nouveaux entrants diminuent la part de marché des institutions traditionnelles d’éducation.
2- Tous enseignants, tous apprenants.
Depuis plusieurs années déjà, le marché du soutien scolaire à domicile, des professeurs particuliers, des coachs en entreprises et des applications éducatives pour smartphones concourent à agrandir le gâteau de l’apprentissage. Depuis l’émergence du Web 2.0 fin 2005, tout le monde peut devenir enseignants et nous sommes tous des apprenants.
Avec Google Helpouts ou LiveNinja tout le monde peut devenir enseignant, coach ou formateur. Le métier de professeur et d’aide pédagogique à domicile est menacé. Si vous n’êtes pas un bon prof, celui en ligne vous remplacera en tous temps. Le principe ici est l’économie du partage de savoir. La « Sharing Economy » ou économie du partage s’applique aussi au monde de l’enseignement, de la formation et du conseil. La mise en marché simplifiée par des places de marché collaboratives sur le web va obliger les professionnels d’institutions et d’organismes établis à demeurer hautement qualifiés, bon communicateurs et trés spécifiques pour se distinguer.
Nous passons donc d’un modèle « Few to Many » à un modèle « Many to Many« . Le modèle fermé et exclusif d’enseignement s’effondre. Tous le monde peut contribuer à enseigner. La seule distinction sera la qualité des contenus en relation avec l’objectif et la qualité de l’expérience d’apprentissage. Certes, les institutions d’enseignement demeurent des lieux incontournables grâce à leur autorité pour certifier un apprentissage, leur offre cohérente intégrée et leurs infrastructures. Toutefois, leur crédibilité s’effrite plus vite que leur légitimité.
Du côté de l’entreprise, les besoins en talents spécifiques conduisent les entreprises à incorporer les fonctions de développement des connaissances et des talents. Les initiatives se multiplient pour mettre à jour les connaissances et les comportements. La tendance Incorporated Education pourrait voir fleurirent plusieurs initiatives : université d’entreprise, plan de reléve, programme de développement du talent, écoles, partenariats éducatifs avec des insititutions, développement de matériel pédagogique.
3- L’énorme marché des contenus mobiles.
Avec l’arrivée prochaine des Google Glass et autres Phablets, les contenus éducatifs dynamiques exploseront.
Le « Self-Editing » démocratise la publication de contenus. Chacun peut produire une vidéo, un eBook ou une présentation dynamique Prezi. Votre classe devient le monde. Votre page YouTube Channel ou SlideShare devient votre petite école.
Le « Rich Content Media » et le « Streaming Content » permettent de créer des flux continus d’apprentissage. L’animation, la vidéo et la qualité des contenus sont au cœur de ses flux.
La curation de contenus devient une compétence spécifique de l’apprenant. Les apprenants agrègent des sources d’informations et des contenus de qualité dans un but de créer un corpus de connaissances. Scoop-It ou Pearltrees permettent aux apprenants de partager leur contenus et de les commenter.
Un autre besoin croissant est la recherche, le classement de tous ces contenus éducatifs et leur orchestration en programmes logiques. Learnist.com vous permet d’orchestrer ces contenus de toute nature par thème et par niveau.
Des enseignants deviennent des stars du web. Qui l’aurait cru possible ? Certains profs atypiques et excellents communicateurs ont compris l’intérêt de diffuser leurs connaissances en dehors de leur classe. Apprendre n’est plus spécifique à un lieu. Enseigner c’est communiquer. Et cela marche ! Le Huffington Post vous propose à ce sujet une série de portraits de professeurs stars du web. Passionnant !
4- L’expérience apprenant
L’apprenant est devenu un Active Learner. L’apprenant, comme le client d’ailleurs, aspire à vivre une expérience. A partir d’un certain âge, l’apprenant devient autonome pour rechercher et assimiler des informations et des connaissances. Devenu consommateur de contenu, il construit ses connaissances avec de multiples interactions dans un environnement holistique ouvert, centré sur son expérience. Il a aussi des standards et des exigences établis sur la base plus large que sa seule classe. Il compare. Les établissements se différencieront donc sur leur « expérience apprenant » plus que sur leurs cours.
L’ingénierie pédagogique n’est plus seulement des séquences logiques de cours, d’exercices et d’évaluations. Il s’agit d’intégrer un environnement éducatif digital avec un projet social éducatif.
Les besoins de personnalisation et de différentiation dans la pédagogie sont immenses. Offrir le même contenu tout en apprenant différemment et avec un rythme personnalisé est très apprécié des jeunes et des adultes qui complètent travail et études.
Le Blended Learning permet ainsi d’associer des activités de Mobile Learning (lecture, vidéo, curation de contenus, écriture, synthèse), de partages en classe ou en ligne (Live Chat, travaux de groupes, présentation, discussion), d’évaluation ou auto-valuation et de mise en pratique (jeux, résolution de problèmes, étude de cas). Le Storytelling des contenus et le service On-Demand permet d’élaborer une offre structurée et facilement disponible en niveaux et avec des conditions d’accès.
L’approche pédagogique fondée sur la résolution de problèmes Problem Based Learning ou d’études de cas offre des modalités actives en classe. Elle met en pratique les connaissances acquises chez soi. Un bel exemple est donné récemment par le Groupe Ionis qui publie le premier MOOC sur le marketing et la communication des marques. Plusieurs études de cas sont publiés.
L’apprentissage immersif est encore à ses débuts mais il pourrait refléter les modes d’apprentissages de demain. Avec les capteurs sensoriels (Kinect par exemple, les Google Glasses et autres objets connectés), il serait possible de faire vivre les apprenants dans un environnement virtuel enrichi. Avatars et autres représentations 3D pourraient donner une autre dimension à certains cours de sciences (chirurgie, mécanique, électronique, architecture). Les premières chirurgies avec Google Glass à l’été 2013 ont permis une retransmission en directe d’opérations. Il sera possible de donner en temps réels des informations additionnels pendant l’intervention ou faire de la télé-supervision de chirurgiens internes.
La personnalisation conduit aussi à offrir des plateformes technologiques et un environnement inter-opérable devant répondre aux enjeux du « Bring Your Own Device » ou « BYOD« . Chacun apprend avec son appareil mobile connectable dans l’environnement.
5- La gamification des apprentissages.
La ludification ou « Gamification » des contenus permet de stimuler l’engagement et la participation des apprenants. Les passages aux niveaux supérieurs, les fréquents feedbacks d’évaluation, les points et les badges gagnés, les compétitions amicales et les échanges entre apprenants-joueurs assurent une meilleure appropriation et une plus grande assiduité. Elle renouvelle le rapport à l’acte d’apprendre en améliorant l’expérience. Le sommet mondial de la gamification se tient dans plusieurs villes du monde. Il montre sa part croissante dans les processus d’affaires des différentes formes d’enseignements, d’évaluation et de développement des comportements.
Le « Serious Gaming » jumelle la captation de l’attention par les jeux vidéos et la vertu éducative du jeu, le tout par niveau de difficultés et conditions de réussite au prochain niveau. Vous trouverez une liste très riche de Serious Games ici. Elle montre le dynamisme du secteur et l’attrait pédagogique pour cette approche.
6- La classe inversée.
Les apprenants ne veulent plus subir le long monologue de professeurs mauvais communicateurs. La classe inversée ou pédagogie inversée ou « Flipped Classroom » offre aux apprenants de faire des recherches et de créer des contenus pour le partager aux autres apprenants. L’enseignant orchestre la production du savoir au lieu de dispenser son savoir. Beaucoup de ressources sur la pédagogie inversée sont regroupées ici.
Les outils utilisés par les jeunes élèves ou les adultes sont ouverts et collaboratifs : Wiki, Blogue, Microblog, Vidéos, Présentation PowerPoint ou Prezi, eBook, Podcast, VideoCast. En classe, le tableau blanc interactif permet de capter l’attention et les connaissances des apprenants avec des connections au web. Un exemple ici d’expérimentation de TBI.
7- La classe, une communauté, le monde.
L’apprentissage n’est plus dispensé par un professeur, il est une co-création. Un processus social, guidé et intentionnel, ouvert sur les autres et collaboratif. A l’heure où les connaissances sont disponibles partout, les enseignants deviennent des intégrateurs et des développeurs de contenus pour suivre un but pédagogique. Ils ne sont plus au centre du dispositif, ils deviennent des animateurs de communautés d’apprentissage.
Pour lancer un projet pédagogique, pour s’engager dans une action bénévole, rien de plus simple. Il est possible pour les apprenants d’ouvrir un groupe sur Facebook, une communauté d’échange avec un Wiki ou un groupe de discussion sur LinkedIn. Le site Edmodo permet de créer un réseau social privé entre l’enseignant et les apprenants.
Les sites comme Learnist (social Learning Pinterest Look), Buuzuu ou LiveMocha (Langage Social Learning) ou E180 (Rencontrez quelqu’un, apprenez quelque chose) sont fondés sur le projet de créer des réseaux sociaux d’apprentissage. Quora quand à lui permet aux experts de répondre à des questions.
Le futur du métier d’enseignant et de formateur.
Avec tous ces bouleversements, les professeurs, enseignants, éducateurs, formateurs et conférenciers font face à une mutation de leur métier et de leur position établie. Si les cours standards se donnent en boucle sur le web, alors ils feront pendant ce temps de la conception et du soutien aux apprenants.
Les programmes de formation et de perfectionnement devrait tenir compte des nouvelles compétences requises :
Comprendre le digital : ses enjeux, ses principes, ses ressources et outils numériques.
Créer des contenus interactifs plaisants et pertinents.
Penser une pédagogie intégrée.
Animer des communautés d’apprentissage.
Apprendre à apprendre.
Lever les obstacles à l’apprentissage (intérêts, attention et concentration, mémorisation, utilisation).
Faire la promotion des contenus.
Cartes tendances
Les cartes tendances présentées ci-dessus font référence aux concepts et tendances de cet article. Les cartes tendances sont utilisées dans les articles de ce blogue pour identifier et répertorier les nombreuses tendances qui mettent en mouvement notre monde.
Chacune des cartes tendances (Trends Cards) possède un numéro unique d’inventaire. Elle est thématisée avec l’un 6 thèmes suivants : Life, Psy, Biz, Tech, Work ou Sci. Elles sont présentées en anglais afin de couvrir toutes les cultures et de capter les tendances émergentes des pays anglophones.
Pour en apprendre toujours plus
L’annonce le 2 octobre 2013 du Plan France Université Numérique en faveur d’un MOOC et de parcours certifiant.
Vidéo TED de Salman Khan à propose de Khan Academy.
Liste des MOOC (en anglais).
Application TED pour Iphone et Ipad.
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