Aucun secteur n’est épargné par la puissance du web.
Il y eu la transformation des librairies avec Amazon, celle de tout le secteur de la musique avec l’Itunes, celle de la télé avec Netflix et celle de l’hôtellerie avec AirBnB. Bien avant cela, le flipper a disparu au profit de la PlayStation. Elle disparaîtra à son tour engloutie par la WebTV. Voici que s’annonce à grands pas la transformation de la formation professionnelle. Le cybermonde continue son expansion sur la santé, les transports, la culture, l’éducation et la formation professionnelle. CQFD.
Vous ne pouvez pas y croire ? Réfléchissez quelques instants avant de vous laisser surprendre par la disparition des salles de classe, des tableaux noirs, des calendriers de formation et du métier de formateur.
Selon la DARES, 31,5 Milliards d’euros sont dépensés en France au titre de la formation continue. Le marché de la formation en ligne quant à lui vaudrait en 2015 plus de 50 Milliards de dollars dans le monde selon l’estimé d’Ambient.
Non seulement les besoins de formation professionnelle sont toujours plus importants mais l’offre et l’accès à des contenus de formation va exploser. Les usages, les séquences, les sources et les supports se multiplient dans le plus grand chaos. Cet état passager préserve encore pour quelques temps les acteurs traditionnels, institutionnalisés et faisant toujours autorité. Mais la demande évolue (voir l’étude 2014 de l’Université Paris Dauphine sur les transformation du travail et les besoins en formation) et l’offre se transforme.
Chronique d’une mutation collaborative et ouverte
Tout à commencé avec les vidéos en « Streaming« sur YouTube ou Viméo. Simples « Tutos » sympathiques et très geeks, es vidéos ont muté en contenus génériques de formation, ouverts et gratuits. Les chaines éducatives sur Google YouTube ou sur Itunes se multiplient aussi vite que les chaines pour Foodies ou les chaines d’adolescentes qui apprennent à leurs amies comment se maquiller. L’explosion depuis 2006 des appareils mobiles encourage tout un nouveau marché et de nouveaux usages mobiles, le m-Learning.
Seconde étape, les MOOC. Ils offrent un nouveau modèle d’affaires gratuit (Freemium) et payant (Premium) pour les universités et les centres d’enseignements spécialisés. Jackpot pour certaines universités qui sortent de leur murs pour toucher le marché de la formation continue en ligne et certifiant. Certains cours payants, exigeants une inscription rassemblent à heure fixe plusieurs centaines de milliers d’apprenants. Les coûts de capture vidéo, de scénarisation, de montage, de quizz de connaissances et du diffusion sont toujours plus bas. Les coûts sont rentabilisés rapidement par le volume d’inscrits payants ou par les revenus publicitaires vidéos. Il en résulte une quantité exponentielle de contenus pédologiques, de sujets, d’angles, d’approches éducatives.
Et voici les COOC (Corporative Open Online Courses). Les classes virtuelles, individualisées, à la demande et mobiles explosent. Le tout accéléré par le Cloud Computing et les Wearable Devices (montres connectées, vêtements communicants, Google Glass). Ces derniers ajoutent à la formation la réalité augmentée et les contenus contextuels. Le summum de l’interactivité !
Maintenant, tout le secteur éducatif est en mutation. Classes inversées, OHSS (Open High School System), Tablettes, Vidéo, Chat, Jeux en ligne, Visioconférences. Les Digital Natives n’auront plus les mêmes habitudes d’apprentissage !
Les plateformes de eCommerce monétisent. Elles se développent rapidement pour monnayer les cours disponibles 24/7/365. Se former est devenu simplissime. Les barrières à l’accès de Harvard, Standford ou d’autres de cours de codes informations sont très basses. On assiste à une accessibilité inédite.
Les outils de traduction instantanée et de sous-titrage ouvrent les frontières. Ils ouvriront prochainement le marché d’une vidéo locale de bonne qualité éducative au marché mondiale. Les ateliers, les séminaires et les conférences seront des contenus transnationaux, à très large audience.
Autour des contenus banalisés se greffent de nouvelles fonctions. La scénarisation, la curation des meilleurs contenus, l’accompagnement de l’apprenant, la motivation des apprenants, la facilitation et la mise en œuvre en emploi des nouveaux apprentissages, l’évaluation et la certification des apprentissages et la gestion des carrières.
Quatre agents du changement pousse inexorablement le secteur de la formation vers sa transformation numérique.
1- Les flux de connaissances.
Les connaissances ne sont plus des stocks homogènes et stables dans le temps.
Les changements rapides et les cycles courts technologiques conduisent à des mises à jour fréquentes des apprentissages. C’est l’apprentissage en flux !
Les nouvelles technologies impactent profondément le travail. En retour, le travail exige de nouveaux accès et des modalités pratiques de formation en continue.
Le monde du travail favorise l’intégration de nouvelles connaissances et le croisement très spécifiques de deux spécialités pour demeurer agiles et innovants.
Les corpus de connaissances essentielles seront bientôt tous documentés et disponibles en ligne. Khan Academy si emploie quotidiennement. Les seules barrières (non négligeables) seront qualitatives, culturelles et linguistiques.
La fin des cours génériques en salle.
Les cours de base seront sur des plateformes numériques gratuites ou payantes : Youtube, Google Hangout, Itunes, et dans des formats différents : Vidéocast, ScreenCast ou Podcast.
Les profs, les experts, les consultants, les étudiants, les génies en herbes et toutes personnes expérimentées (presque tout le monde à bien y penser) peuvent aujourd’hui créer sa chaine Youtube. Il suffit de contenus simples, mais cela peut aussi être hautement spécialisés, pour devenir formateur. Budget : 250 euros (sans éclairage).
Rapidement, le marché de la formation professionnelle va se segmenter entre les contenus de base, informatifs et disponibles en ligne et les contenus scénarisés aux qualités andragogiques reconnues, gratuits, gratuits pour membres ou payants exclusifs.
2- L’économie du partage et de la collaboration.
L’économie du partage ou de la collaboration fait de chacun un apprenant et un formateur. Un producteur, un évaluateur, un référenceur et un consommateur potentiel de contenus éducatifs. Chacun peut en tirer un revenu potentiel.
La Sharing Economy soutenue par les services web de type Saas, met à disposition des moyens de production, de diffusion et de mise en relation à grande échelle. Avec la baisse des coûts des moyens de productions video, de scénarisation, de création de contenus et de diffusion, il est possible de toucher un très large public tout en générant des revenus sur une audience mondiale (possiblement).
Mais l’économie du partage est aussi dans les modes pédagogiques. Les rôles de professeur et d’apprenant se sont inversés : co-création de contenus, pédagogie inversée, approche projet, formation par la recherche, simulation, jeu apprenant, forums,
Le Social Training se fonde sur des communautés d’apprenants, des espaces de formation ouverts, des salles de cours virtuelles interactives, des partage de ressources et de solutions, des commentaires et des construits sociaux très variés.
La transparence, l’horizontalité des organisations, le maillage collaboratif avec les partenaires conduisent les entreprises à s’ouvrir en échangeant des contenus éducatifs. Certaines, comme Oracle Learning propose sur YouTube d’ailleurs à ses clients professionnels beaucoup de contenus vidéos pour les éduquer et maintenir le lien d’engagement.
Certes, il est encore très difficile pour une grande majorité des employés de quitter leur emails pour des Wikis et des Réseaux sociaux d’entreprise (RSE). Certes, la plupart des apprenants apprécient avoir un temps dédié à l’apprentissage en classe. Certes, les interactions en classe contribuent au modelage social de l’apprentissage. Mais cette couche sociale et collaborative se développe rapidement avec les outils de vidéo en ligne (Skype en groupe, Twitter Tchat, Google Hangout On Air, Réseaux sociaux, Plateformes de curation – voir liste ici). Les usages et la demande évoluent rapidement.
En réalité, peut importe la plateforme, la production de contenus sera « Platform agnostic« . Sans frictions.
3- Le « Training On Demand ».
Il y a la VOD (Video On Demand) et il y a le TOD. La personnalisation et la contextualisation des apprentissages sont l’avenir de la formation professionnelle. Les algorithmes proposent des contenus recommandés ou relatifs. Ils envoient des rappels de participation ou de révision. Ils lancent des quizz, sollicitent vos commentaires et formulent des résumés de discussions sur les forums. Ils mesurent l’assiduité, l’attention et la qualité des liens et concepts assimilés.
Totalement personnalisés et hautement flexibles, ces contenus et l’interaction d’apprentissage favorisent l’engagement et la transposition des savoirs au quotidien de l’employé.
Avec des milliers de nouveaux contenus quotidiens et des milliers de sources, il sera possible de faire rapidement une mise à jour ou un perfectionnement.
4- La formation comportementale intelligente.
L’Analytics et le Data Training offrent de nouveaux horizons pédagogiques.
Les métriques obtenues sur les plateformes de formation captent les comportements des apprenants sur l’écran. Ils observent les temps d’arrêt, les erreurs, les points de contacts oculaires, les habitudes et les intérêts de l’apprenant.
L’algorithme (personnalisé sous forme d’avatar le plus souvent) nous éduque en conséquence des comportements produits par l’apprenant. Il recherche, évalue, classe, trie, propose des contenus et les assemble en représentations mentales.
Mieux, l’algorithme apprend comment l’apprenant apprend. Il propose le mode optimal d’apprentissage pour chaque apprenant mobile.
Émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles compétences.
De nouveaux acteurs dispensateurs de formation s’invitent toujours dans un marché en recomposition. S’ils sont disruptifs ou avec des investissements massifs, ils peuvent rapidement s’imposer dans un nouveau marché et établir un standard.
Les plateformes d’agrégation, les plateformes d’hébergement, les plateformes de curation de contenus (recherche, tri, ranking, annotations), les plateformes de certification et les plateformes de programmation pédagogique personnalisée vont se développer.
Les formateurs stars sachant animer et mettre en onde leurs contenus vont exploser. C’est déjà le cas en Asie ou dans certaines universités prestigieuses.
Les Data Scientists, les spécialistes en données comportementales, en scénarisation ou en gamification, les courtiers de contenus, les curateurs, les marketeurs réferenceurs de contenus éducatifs vont se développer rapidement.
Pour aller plus loin
Comentários